La Rivière Magpie, personne morale : une première au Québec et un modèle pour la reconnaissance juridique des cours d’eau
Thématique : Préservation des écosystèmes et de la biodiversité
Gérer les ressources en eau
Contact(s) : Fabienne Joliet
fabienne.joliet@institut-agro.fr
La rivière Magpie ou Mutehekau Shipu (en Innu-aiman), située sur la Côte Nord du Québec en territoire autochtone Innu, est la troisième rivière du monde à avoir acquis le statut de personne morale selon le droit international. Traversant la Côte-Nord du Québec pour se jeter dans le fleuve Saint-Laurent, elle est protégée en tant que personne juridique depuis 2021, en réaction au sort de sa « grande soeur » la rivière Romaine, récemment harnachée non loin de là de quatre grands barrages hydroélectriques. C’est une première au Québec, témoignant d’une synergie entre autochtones (Innu) et allochtones, et s’inscrivant dans une stratégie environnementale et de décolonisation. À l’échelle internationale, cette reconnaissance marque un véritable tournant dans la manière dont les paysages et l’environnement sont appréhendés.
En France, des initiatives comme le Parlement de Loire, l’Appel du Rhône, et le cas de la Seine traduisent une évolution juridique similaire dans notre rapport occidental à l’environnement.
Ces projets visent à promouvoir la reconnaissance juridique de rivières comme entités à part entière, pouvant défendre leurs droits par l’intermédiaire de représentants humains.
Mettre en parallèle ces situations avec le cas de la Loire pourrait être riche d’enseignement et d’échanges, notamment autour de ce qui se joue dans le rapport holistique autochtone à la terre (qui considère l’environnement et la société comme un tout) et la perspective biocentrée du nouveau paradigme environnemental, et mettre ainsi en lumière les termes de notre relation actuelle entre humains et non-humains.