Programme DEMERSTEM
Étude des écosystèmes démersaux en Afrique de l'Ouest : bilan 2019 et calendrier 2020
Contexte
Les espèces démersales(1) en Afrique de l’Ouest représentent des tonnages moins élevés que les espèces pélagiques(2). Néanmoins, elles sont très importantes en termes de valeur et surtout en termes de patrimoine et de fonctionnement des écosystèmes marins.
Ce sont, en effet, souvent des espèces emblématiques pour les pêcheries artisanales, à forte valeur ajoutée. Certaines d’entre elles sont aussi les espèces cibles ou accessoires des flottilles européennes opérant dans le cadre des accords de pêche (cas de la crevette côtière en Mauritanie par exemple). Leur durée de vie, généralement plus longue que celle des espèces pélagiques en fait également des espèces pour lesquelles la gestion des pêches est encore plus cruciale.
Ce sont donc des espèces majeures du point de vue de l’écosystème, de la durabilité de son exploitation et de sa résilience.
Objectifs
Dans le cadre du programme régional financé par l’UE pour l’amélioration de la gouvernance régionale de la pêche en Afrique de l'Ouest (PESCAO), AGROCAMPUS OUEST est coordinateur du Programme DEMERSTEM.
Débuté officiellement en mars 2019, ce programme, d’une durée de 3 ans, vise à établir un état des stocks des espèces démersales pour servir la gestion des pêches et ainsi permettre l’exploitation halieutique durable des eaux sous juridiction nationale (ZEE) des pays partenaires (Mauritanie, Guinée, Guinée Bissau, Sénégal, Ghana, Côte d’Ivoire).
Afin de répondre à cet objectif avec la volonté d'améliorer la coopération scientifique régionale et d’élargir une vision mono-spécifique, 3 axes de travail ont été définis :
- Définir les habitats essentiels pour proposer des solutions spatiales pour la gestion des pêches et d'autres activités anthropiques les impactant ;
- Suivre précisément les flottilles de pêche artisanales et industrielles côtières pour identifier des solutions innovantes pour la gestion des pêcheries ;
- Développer l'approche écosystémique des pêches pour dépasser l'approche mono spécifique et prendre en compte les interactions au sein de l'écosystème.
Contact
Jérôme Guitton
Coordinateur du projet DEMERSTEM
Département Écologie, unité pédagogique Écologie halieutique
AGROCAMPUS OUEST
tél. : +33 (0)2 23 48 58 59
jerome.guitton@agrocampus-ouest.fr
2019, une année tournée vers la collecte des données
Avril 2019
Vingt GPS ont été déployés sur des pirogues de pêche artisanales sur les ports de Kamsar et Katcheck en Guinée et Cacine en Guinée Bissau. Un système de récolte des données de débarquement de ces pirogues a été mis en place en parallèle.
Mohamed Soumah, du Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura (CNSHB), a assuré la mise en place du protocole de collecte de données et la formation des enquêteurs du Centre de Recherche appliquée des Pêches (CIPA) et du CNSHB lors d’une mission en Guinée-Bissau. Il a ensuite effectué une seconde mission pour évaluer la mise en place effective du suivi et faire les ajustement nécessaires.
Juin 2019
Des membres du Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT) sont venus en Guinée pour profiter de l’expérience du Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura (CNSHB) et pour essayer de mettre en place un suivi similaire des pêcheries artisanales dans la région de Kayar.
Mohamed Soumah du Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura (CNSHB) est venu en France pour mettre en place les outils de bancarisation et de valorisation de ces données.
Il a pu travailler avec Marie-Pierre Etienne, enseignant-chercheur en statistique (Agrocampus Ouest) et Nicolas Bez (IRD) à la mise en place d’outils de prédictions d’opération de pêche à partir de la forme des trajectoires.
L’idée était de pouvoir obtenir des données d’effort de cette pêche artisanale à partir des données GPS. Suite à cette mission, le CNSHB a mis en place une série d’observations des opérations de pêche à bord des pirogues équipées de GPS afin d’alimenter le modèle d’apprentissage
Lors de campagne annuelle d’évaluation démersale, le Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura (CNSHB) a procédé à la collecte de données de phytoplanctons.
Août 2019
Dans le cadre de l'activité sur l’identification des stocks, un groupe de travail portant sur la collecte de données biologiques s'est réuni à Nouakchott.
Lors de cette réunion co-organisée par l'Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et de Pêches (IMROP) et animée par l'Institut Espagnol d'Océanographie (IEO), le groupe de travail a pu mettre en place un protocole de collecte de données biologiques permettant de mieux définir les aires de répartitions des stocks des espèces démersales sélectionnées dans le cadre du programme.
Dans le cadre de ce programme, 5 doctorants ont été accueillis à AGROCAMPUS OUEST pour une durée de 4 mois.
Sélectionnés par le comité de pilotage du programme, ces doctorants ont pu suivre des cours du Master Sciences Halieutique et Aquacoles d’AGROCAMPUS OUEST (SIG, Statistiques, gestion des pêches …). Ils ont également pu interagir avec leurs co-encadrants de thèse : Didier Gascuel pour les sujets en liens avec la dynamique des stocks et Olivier Le Pape pour les thématiques habitats essentiels.
Ato Ekuban de la Fisheries scientific survey division au Ghana a été accueilli pendant 2 mois à AGROCAMPUS OUEST pour interagir sur la définition des habitats essentiels dans la zone Ghana/Côte d’ivoire.
Novembre 2019
Priscilla Licandro de la station zoologique de Naples a embarqué à bord de l’El Awam pour la campagne scientifique de Novembre 2019.
Elle a pu mettre en place la collecte de données notamment sur le plancton et les méduses.
Au programme en 2020
Le prochain groupe de travail sur les bases de données aura lieu en février 2020 à Grand Bassam en Côte d’Ivoire.
Le rapport d'activités et financier 2019 du programme sera publié courant mars 2020.
La collecte de données biologiques continuera au moins jusqu'en septembre 2020 ainsi que le suivi par GPS des pêcheries artisanales.
1. Les espèces démersales vivent au dessus du fond. Ces espèces sont très mobiles mais très dépendantes du fond d’où elles tirent leur nourriture.
2. Un poisson est appelé pélagique lorsqu’il vit dans les eaux proches de la surface ou entre la surface et le fond.
Source : https://wwz.ifremer.fr