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Le bien-être animal

Sophie Brajon, nouvelle enseignant-chercheur en Sciences et productions animales

Sophie Brajon

Éthologue de profession, (l'éthologie est une science qui étudie le comportement des êtres vivants, animaux ou humains et s'intéresse à l'ensemble des facteurs qui vont conduire un individu à exprimer un comportement en particulier), Sophie Brajon vient d'intégrer le département Productions animales, agroalimentaire, nutrition en tant qu'enseignant-chercheur. Elle concentre aujourd'hui ses travaux sur le bien-être (1) des animaux d'élevage.

La passion des animaux comme fil conducteur

Après une licence en biologie des organismes et des populations obtenue à l’Université de Toulouse, Sophie Brajon, passionnée par les chevaux depuis toujours, se spécialise dans l’éco-physiologie et le comportement animal pour obtenir son Master à l’Université de Strasbourg.

"Dès l’enfance, indique-t-elle, je me suis questionnée sur le comportement animal : quelle perception a-t-il du monde, de quelle façon les animaux d’élevage traitent-ils les informations et comment leurs choix sont-ils influencés ?"

Elle réalise ensuite une thèse au Canada entre 2012 et 2015 afin d'étudier des problématiques liées à l'élevage du porc et notamment la relation homme-animal, les émotions et la cognition animales, le stress prénatal et la hiérarchie sociale. Ce travail lui permet de mettre en évidence le fait que les porcelets ont une une mémoire de l’individu humain qui persiste au moins 5 semaines. Sa thèse démontre aussi que la manière dont l’humain se comporte avec les porcelets a un réel impact sur l’état émotionnel des jeunes animaux.

S'ensuivent 3 post doctorats dont deux au Québec (le premier sur l’enrichissement environnemental sur les effets du stress prénatal chez le porcelet en maternité et post-sevrage et le deuxième sur les stress sociaux des truies). Le troisième post-doc se déroule au Portugal avec comme sujet la mortalité périnatale chez la souris de laboratoire.

Un post-doc à l'Institut Agro-Rennes Angers et un projet motivant pour concilier les attentes des animaux et des éleveurs

Post-doctorante à l’Institut Agro Rennes-Angers et à l’UMR PEGASE depuis octobre 2021, elle porte le  projet "PIGORAMA" en collaboration avec Vanessa Lollivier (enseignant-chercheur en physiologie animale) et Céline Tallet (INRAE).

Ce projet vise à apporter des connaissances pour favoriser le développement de systèmes d’élevage porcin avec accès extérieur et permettre de concilier les attentes des éleveurs et celles des porcs.

Sophie étudie les freins et motivations des éleveurs dans ce contexte de même qu'elle réalise une évaluation multicritère du bien-être et de la santé des porcs dans les élevages commerciaux avec ou sans courette extérieure. Une troisième étude lancée en février 2023 portera sur le bien-être des animaux de l’élevage expérimental PORGANIC en Nouvelle-Aquitaine.

"Mon plus beau projet est celui que je mène actuellement." PIGORAMA est ce que Sophie considère aujourd’hui comme sa plus grande réalisation à ce jour. "Ce projet me plaît énormément car les systèmes d’élevages avec accès extérieur permettent de faire un grand bond en termes de bien-être animal. Il vise à identifier des leviers pour répondre aux besoins comportementaux des animaux, pour leur confort et leur bien-être individuel. C’est aussi un projet riche et diversifié dans lequel j’explore d’autres thématiques, comme la sociologie et la physiologie ".

Suite à ses travaux, la notoriété et la visibilité de Sophie Brajon ont évolué petit à petit. Elle a été invitée à participer à des congrès scientifiques professionnels et ouverts au grand public. Sa présence sur Twitter a dynamisé sa carrière notamment auprès des chercheurs et c’est en partie grâce à cette activité qu’elle a pu rapidement s’intégrer en France.

L'éthologie, un domaine d'avenir 

Aujourd’hui, Sophie Brajon considère qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour améliorer les conditions de vie des animaux d’élevage. Les enjeux sont complexes et doivent prendre en compte les facteurs sociaux, économiques, environnementaux mais aussi les bonnes conditions de vie et de travail des éleveurs.

En tant qu’éthologue, Sophie pense, qu'outre la formation, ce domaine demande d’être passionné, motivé, convaincu, et de ne pas hésiter à persévérer malgré les obstacles.

"Ma plus grande motivation est de participer à l’amélioration des conditions de vie des animauxIl ne faut pas hésiter à se lancer dans l’éthologie. Il y a de plus en plus de débouchés dans le milieu agricole, les attentes pour le bien-être animal que ce soit dans les secteurs publics ou privés évoluent énormément ".

(1) Le bien-être animal, c’est l’état mental et physique en lien avec la satisfaction des besoins physiologiques et comportementaux de l’animal mais aussi la manière dont il perçoit son environnement et ses attentes.

Publié le : 06/07/2022