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Cycle TransFORMER sur la pêche et l'aquaculture

Retour sur des échanges passionnants autour la durabilité des filières

Les intervenants sur scène

Retour sur le débat : High-tech ou low-tech – Quels choix pour une pêche et aquaculture durables ?

Organisé par les étudiantes et étudiants de la spécialisation Sciences Halieutiques et Aquacoles de l'Institut Agro Rennes-Angers, en collaboration avec le cycle TransFORMER, ce débat a exploré les perspectives qu’offrent les approches high-tech et low-tech dans la transition vers une pêche et une aquaculture durables.
À travers des interventions d’experts et des échanges avec le public, les défis et opportunités de ces deux modèles ont été débattus, avec une analyse fine des enjeux économiques, environnementaux et sociétaux.

Sont ainsi intervenus Julien Simon (chercheur à l’IFREMER, responsable du projet "Game of Trawls"), Tangi Le Bot (coordinateur du projet de flotte SKRAVIK), Delphine Lethimonnier (directrice de l’ADPRA - Pisciculture paysanne), Pierrick Haffray (responsable service technique et aquacole au SYSAAF) et Laetitia Bisiaux (chargée de projet chez Bloom).

High-tech et low-tech : des définitions complémentaires plutôt qu’opposées

Le débat a débuté par une clarification des concepts. Tandis que la high-tech repose sur des technologies de pointe nécessitant des investissements lourds, comme la génomique ou les outils numériques avancés, la low-tech valorise des solutions simples, accessibles et souvent issues de savoir-faire traditionnels.

Malgré des définitions distinctes, les intervenants ont insisté sur la complémentarité de ces approches. Par exemple, des outils aujourd’hui considérés comme low-tech, comme certaines machines aquacoles, étaient autrefois des innovations high-tech. Cela illustre une évolution constante des techniques, toujours contextualisées par les besoins des filières.

Les promesses et les limites de la high-tech

L’innovation technologique offre des solutions prometteuses pour améliorer une gestion plus durable des ressources. Les avancées en génétique et génomique ont, par exemple, permis de développer des espèces de poissons consommant 20 % de ressources en moins et produisant donc moins de rejets, contribuant ainsi à une meilleure utilisation des intrants. En parallèle, des technologies comme l’IA et les sondeurs permettent de quantifier l’impact des activités de pêche en temps réel et de réduire leur empreinte écologique.

Il faut néanmoins rester vigilant face à une "fuite en avant technologique". Si les outils innovants offrent des solutions prometteuses pour mieux gérer les écosystèmes, ils ne doivent pas occulter la nécessité d’une réflexion globale sur les pratiques et les comportements collectifs. La technologie ne peut à elle seule compenser les dérives d’un modèle productiviste dépassé.

Les intervenants ont également souligné qu’un recours excessif aux innovations pourrait entraîner une déresponsabilisation collective, alors que la préservation des écosystèmes exige des changements concrets et concertés.

Le low-tech, une alternative viable mais sous-exploitée

Les approches low-tech mettent en avant des solutions résilientes, adaptées aux spécificités locales et basées sur des ressources disponibles. La pisciculture paysanne, par exemple, valorise les sous-produits agricoles pour limiter les intrants et favoriser des pratiques agroécologiques.

Des exemples concrets, comme l’utilisation de casiers, ont également été évoqués comme des alternatives crédibles pour réduire l’impact environnemental. Cependant, ces pratiques se heurtent à des obstacles importants, notamment le manque de soutien financier et des politiques publiques encore centrées sur des modèles industriels.

Vers une synergie entre high-tech et low-tech

Plutôt que de les opposer, les intervenants ont proposé de combiner les atouts des deux approches :

  • La high-tech au service du low-tech : l’intelligence artificielle peut, par exemple, optimiser l’utilisation de casiers ou de palangres, améliorant leur efficacité tout en réduisant leur impact.
  • Repenser les modèles : intégrer les systèmes agroécologiques à grande échelle et privilégier des pratiques adaptées aux territoires et aux ressources locales.

La clé réside dans une approche contextuelle et sur-mesure, où chaque filière définit un équilibre en fonction de ses contraintes et objectifs.

Les freins à une transition durable

Malgré ces pistes, plusieurs obstacles freinent la transition :

  • Politiques publiques insuffisantes : le maintien de subventions pour les modèles intensifs freine l’émergence de pratiques durables.
  • Manque de transparence : les quotas et subventions restent opaques.
  • Sensibilisation des consommateurs : encourager des habitudes alimentaires responsables reste un défi essentiel.

Les intervenants ont unanimement insisté sur la nécessité de mobiliser l’ensemble des acteurs, des politiques aux citoyens, pour accélérer les changements.

Une responsabilité partagée pour l’avenir des ressources halieutiques

Ce débat a mis en lumière la complexité des choix nécessaires pour rendre les filières halieutiques et aquacoles plus durables. High-tech et low-tech ne s’opposent pas, mais se complètent dans une démarche globale où chaque acteur, des pêcheurs aux consommateurs, a un rôle à jouer.

En tant qu’école d’ingénieurs engagée, l’Institut Agro Rennes-Angers se positionne comme un acteur clé dans cette réflexion, en formant des professionnels capables d’imaginer et de mettre en œuvre les solutions de demain.

Publié le : 28/01/2025